Conséquences économiques de la guerre en Ukraine


Hier, jeudi 24 février, la Russie a mis fin à des semaines de manœuvres diplomatiques et militaires en envoyant ses troupes en Ukraine. Si les conséquences de cet acte seront indéniablement de long terme (le Président Macron ayant indiqué que le bouleversement s’inscrirait dans notre quotidien “durablement”), nous nous attachons ici à cerner les conséquences économiques de la guerre en Ukraine.

Conséquences économiques de la guerre en Ukraine, de façon macro et financière

Les conséquences du conflit

Chaque période de tension militaire, donc a fortiori de guerre, est propice à des mouvements d’ampleur sur les marchés financiers, les investisseurs réduisant la voilure sur les actifs les plus exposés : les actions.

Regardons la réaction sur l’indice EuroStoxx50

Conséquences économiques de la guerre en Ukraine - Evolution de l'Eurostoxx50 sur 2 séances
  • Clôture mercredi 23 : 3973,41 points
  • Ouverture jeudi 24, l’Europe financière se réveille avec les chars russes en Ukraine : 3889,84 points soit -2.10%
  • Clôture jeudi 24 : 3829,29 points soit -3.76% par rapport à la clôture de la veille
  • Ouverture vendredi 25 : 3859.16 points soit déjà un “gap” (trou dans la cotation) de +0.78% par rapport à la clôture de la veille
  • Clôture vendredi 25 à 3970.69 points, soit +3,69% par rapport à la veille et -0,069% depuis avant l’invasion

En 2 séances de bourse, le marché a retrouvé son niveau, sans grande panique.

Comparaison avec le covid

Je ne pouvais pas laisser un hasard du calendrier passer comme cela. Il se trouve qu’il y a juste 2 ans, les marchés financiers mondiaux avaient réalisé que le covid n’était pas une simple grippette circonscrite à la Chine et un morceau d’Asie du Sud-Est.

La réaction des marchés a été analogue au début mais s’est prolongée, puisque l’EuroStoxx50 n’avait retrouvé son niveau de départ qu’au bout d’un an.

Le temps du rattrapage

Différence de taille entre le covid et le conflit actuel tel qu’il est à ce jour : la pandémie concernait l’ensemble du monde au lieu d’un territoire restreint.

La Russie est certes un immense territoire, mais d’une part sa grande majorité est démographiquement et économiquement inutile ; d’autre part le champ de bataille est en Ukraine, territoire modeste coincé entre son attaquant et le bloc OTAN.

Le temps de rattrapage des marchés est-il déjà terminé ? Peu de chances, quand on sait que la progression des marchés va de pair avec les certitudes de ses opérateurs.

Pour le moment, la seule chose dont nous pouvons être certains est que les Russes sont en Ukraine avec l’intention de renverser le pouvoir en place et que leur action est qualifiée d’agression et condamnée par une très grande majorité de pays, à l’exception de quelques alliés historiques (Bélarus, Chine, Syrie).

Pour le reste, nous sommes certains que nous ne sommes certains de rien.

Le retour à une évolution financière traditionnelle dépendra surtout de :

  1. La durée et l’importance du conflit (intervention de nouveaux belligérants, chute du pouvoir de Kiev, pression nucléaire, etc)
  2. Les mesures hostiles non militaires prises par les opposants à la Russie, notamment économiques et financières

Conséquences économiques de la guerre en Ukraine, les aspects micro de la spécificité ukrainienne

L’approvisionnement en gaz russe – et autres matières premières

Une part importante des gazoducs acheminant le gaz russe vers l’Europe occidentale traverse l’Ukraine. Pour le moment, ceux-ci ne paraissent pas menacés par les opérations en cours, mais plusieurs options sont possibles, en conséquence de la nature des représailles organisées par les pays occidentaux.

En revanche, plusieurs Etats ont restreint ou cessé leur fourniture de matières premières ou de produits à la Russie, majoritairement des éléments nécessaires à la production de composants high-tech.

Si l’indice action de l’Eurozone, grosso modo comme l’ensemble de ses semblables, s’est rattrapé en 2 séances, ce n’est pas le cas du gaz.

Gaz, très sensible aux secousses géopolitiques et omniprésent dans la région, qui s’apprécie de 20% sur la même période.

La circulation des capitaux

Les Etats qui veulent atteindre la Russie dressent 2 types de mesures à-même de modifier la circulation des capitaux.

D’une part, des avoirs de ressortissants russes, même hauts responsables, sont gelés dans plusieurs territoires. D’autre part, il est question de bloquer l’accès de la Russie au réseau SWIFT, empêchant les transactions interbancaires à destination et vers le pays. Toutefois, il n’existe pas – encore ? – à ce niveau de consensus permettant de réaliser cette option.

La France a indiqué, par la voix du Ministre de l’Economie Bruno Lemaire, qu’elle ne faisait pas partie des pays défavorables à cette exclusion. Est-ce qu’il faut y voir là une conséquence de la moindre exposition de la France au gaz russe dans son mix énergétique que certains de ses voisins ? Il conviendra d’être très attentif à cette éventualité. En effet, si les pipelines fonctionnent mais que l’Europe de l’Ouest n’est pas en mesure de régler ses livraisons, il est fort probable que le robinet se tarisse immédiatement.

Les incidences pour les pays

Russie

En cas de durcissement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, lui fermant les approvisionnements et les débouchés à l’export, le pays peut toutefois se tourner vers la Chine, dont le Président Jinping l’a déjà assuré d’être disponible pour remplir ces rôles.

“Bloc OTAN” et alliés

Un fort ralentissement de l’activité est à prévoir, notamment pour ceux des pays exposés à l’export vers Moscou, au premier rang desquels l’Allemagne. Les Etats-Unis, plus éloignés du conflit et moins liés commercialement à la Russie devraient s’en tirer mieux que le Vieux Continent.

Que va-t-il se passer au niveau des marchés obligataires, les événements en cours intervenant sur fond d’une augmentation de l’inflation (accentuée par le conflit, notamment par la composante énergie) et au moment où les banques centrales réfléchissent à sortir de la politique monétaire non-conventionnelle ?

Celles-ci devraient surseoir à ce retour à la normale, le temps de trouver une certaine visibilité.

Ukraine quelles conséquences économiques ? Notre vision stratégique

Le retour de la volatilité sur les marchés, après la progression constante post-covid, ne doit pas faire perdre le sang-froid et l’horizon nécessaire à l’investissement financier. Au mieux seront-ils un vecteur de bonnes décisions permettant de profiter de bonnes opportunités d’entrée.

Conséquences économiques de la guerre en Ukraine - Rattrapage des évènements géopolitiques

Prenons ici le temps de constater que les événements géopolitiques d’ampleur doivent s’apprécier sur un temps de moyen terme, comme en témoigne l’illustration ci-contre.

La prolongation du conflit est propice à faire émerger des risques portant sur les critères ESG (critères d’Environnement, Sociétaux et de Gouvernance) des entreprises, qui pourraient se voir reprocher des liens plus ou moins convenables à ces égards avec l’appareil d’Etat russe. L’analyse en la matière s’attachera à réduire l’exposition à ces valeurs.

Nous maintenons donc, sauf changement à intervenir prochainement dans votre situation et prévisible, nos allocations stratégiques de long terme et gardons un œil attentif à des arbitrages tactiques.

Disclaimer

Les présents commentaires ne sont pas un conseil en investissement et ne sauraient être considérés comme une incitation à prendre des positions à la vente ou à l’achat.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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